par julien.demets

RC Lens - EXCLU Martel : "On peut dire qu'on est tiré d’affaires financièrement"

Après un an de recherches infructueuses, Gervais Martel a enfin trouvé les soutiens financiers nécessaires pour pérenniser le RC Lens et envisager l’avenir sous de meilleurs auspices.

Pour cela, il lui aura fallu passer par le tribunal de commerce de Paris. Le président historique se dit aujourd’hui soulagé. Entretien.

But! Lens : Gervais, avec la décision du tribunal de commerce de Paris de confier les actifs du RC Lens à la société Solférino, peut-on dire désormais que le club est enfin tiré d’affaires financièrement ?Gervais MARTEL : Oui, on peut dire qu’il est tiré d’affaires financièrement. Vous savez bien que l’argent ne fait pas toujours le bonheur mais c’est quand même le cas de temps en temps. Après, ce n’est pas seulement une question d’argent. Mais c’est sûr qu’au niveau visibilité et lisibilité, on entre aujourd’hui dans une nouvelle histoire, avec des gens compétents, sérieux. Et qui devront donner un appui financier indéniable, que ce soit le groupe Solférino et bien entendu l’Atlético Madrid. Mais derrière, tout un tas de choses vont aussi se mettre en place, avec un travail différent et des compétences qui vont venir s’ajouter à l’existant. Et je crois que c’est surtout ça qui est extrêmement important pour le club. Si on m’avait dit, il y a quelques mois, qu’il y aurait une association entre le RC Lens et l’Atlético Madrid, je n’y aurais pas cru. Or, aujourd’hui, c’est une réalité.

Depuis deux ans, beaucoup ont douté que vous parviendrez un jour à trouver une solution pour pallier les manquements d’Hafiz Mammadov. Comment avez-vous réussi à toujours garder le cap ?D’abord car je crois en mon club. Et j’ai du respect pour tous les gens qui l’aiment. Je ne suis pas le seul. Il y a tellement de gens en attente… Malheureusement, on s’est retrouvé dans des difficultés de communication. En même temps, c’était très difficile. Parfois, j’avais même du mal à communiquer avec moi-même, pour être tout à fait clair. Donc expliquer des choses souvent inexplicables ou “inentendables” pour les gens, c’était très compliqué. En revanche, je peux vous dire qu’on a fait le boulot. Car on a vécu deux ans au cours desquels, à la force du poignet, on a réussi à s’en sortir contre vents et marées.

“Je crois que là, on est parti sur quelque chose d’extrêmement important. Le principal est que l’entité va perdurer… ”

Etes-vous aujourd’hui soulagé ?Oui ! Pour moi, c’était vital mais pas dans le sens ou certains l’entendent. Je ne pouvais pas avoir été président pendant presque trente ans et quitter le club sur un dépôt de bilan. Donc je suis surtout soulagé d’avoir trouvé des gens prêts à nous accompagner. Et ça, c’est l’avenir. En tout cas, c’est ce qu’attendent les supporters, leurs enfants et leurs petits-enfants. La seule question qu’ils se posent est : comment va aller Lens dans cinq, six ou dix ans ? Et je crois que là, on est parti sur quelque chose d’extrêmement important. Le principal est que l’entité va perdurer…

Est-ce définitivement la fin de l’ère Mammadov ?Je n’ai pas l’habitude de critiquer les gens qui, à un moment donné, ont œuvré de manière importante pour le club. Je l’ai déjà dit. S’il n’était pas venu, ce club n’aurait jamais vu l’Euro 2016 et les transformations du stade. J’en suis persuadé. Car il aurait été relégué et certainement en dépôt de bilan. Donc il a amené son argent, beaucoup d’argent. Malheureusement, après, il a eu des difficultés personnelles qui étaient imprévisibles. Et il n’a pas pu répondre aux attentes du club alors qu’il voulait le faire. Donc c’est vrai que l’on galère depuis deux ans. Mais maintenant, on est passé à autre chose. C’est la vie…

A certains moment, vous vous êtes un peu retrouvé seul contre tous n’est-ce pas ?Tout le monde nous prédisait les pires choses au monde, avec des dépôts de bilan, des salaires non payés, des retards dans les versements des charges, etc. Or, on a tenu le choc. Et ce n’était pas une mince affaire. Même si on a connu des difficultés et que nous sommes aujourd’hui en Ligue 2, le RC Lens reste un club extrêmement structuré. Il ne pouvait donc pas y avoir une sortie sans des gens sérieux et des évidences de fonds. A un moment donné, il était donc devenu impératif qu’on dépose le bilan de RCL Holding, pour pouvoir sauver définitivement la SASP. Cela dit, faire ça est une chose. Mais trouver des gens qui pouvaient nous apporter cette pérennité, c’était autre chose…

“L’équipe a fait une bonne saison 2015-16. Mais il lui manquait la chose la plus importante dans le football, c’est-à-dire un niveau offensif à la hauteur de la Première division. On sait là où on doit se renforcer. On va vite se mettre au travail.”

La société Solférino regroupe cinq personnes physiques désireuses d’investir au RC Lens. A terme, ils vont détenir 65% du club contre 35% à l’Atlético Madrid. Comment va se passer la future gouvernance du club ?La gouvernance, elle va se passer entre gens qui ont envie de réussir. Au RC Lens, il y a des gens compétents qui ont vécu dans la difficulté depuis deux ans. On va y associer une grande compétence financière, de dossiers, de prévisionnel. Et en dernier lieu, on va y associer dans le domaine sportif des gens qui ont fait leurs preuves. Vous imaginez, être associé à un club qui va jouer pour la deuxième fois en trois ans la finale de la Champion’s League… C’est vraiment exceptionnel.

Quelles seront vos responsabilités vis-à-vis des nouveaux propriétaires ?Je vais être la personne qui va être en place au club. Pas pendant dix ans car on prend tous de l’âge. Mais ça me semblait important de pouvoir continuer à aider, que ce projet continue de pérenniser le club. Et bien évidemment, je vais beaucoup travailler avec monsieur Ignacio Aguillo et en liaison avec un nouveau board qui va être créé. Travailler dans une entreprise comme le RC Lens sans avoir de conseil d’administration depuis trois ans, c’est un truc de fou ! Parce qu’on est tout seul, même si on a des gens compétents autour de soi, pour prendre des décisions extrêmement difficiles. Jour après jour, on a passé notre temps à essayer de trouver des solutions financières. On ne peut pas gérer une entreprise ou un club de football comme ça. On doit pouvoir le faire avec un projet qui tient la route, sur lequel on travaille au jour le jour et qui doit nous amener un jour à retrouver la Ligue 1. Car c’est la finalité.

Depuis cinq ou six ans, vous avez connu un nombre incroyable de galères. Vous avez plusieurs fois reconnu avoir fait des erreurs. Est-ce que Gervais Martel a changé ?Vous savez, je ne parle pas espagnol et j’ai bien l’intention de m’y mettre. Donc ça veut bien dire qu’à 61 balais, j’ai encore envie. D’ailleurs, j’ai tellement envie que j’étais d’une grande tristesse quand on a perdu à Nîmes. Car j’y croyais. Il restait quatre matches et tout était encore possible. Mon état d’esprit ? Si on ne croit pas à un projet, si on n’est pas amoureux de nos couleurs - et reconnaissez-moi au moins ce talent-là, il faut faire autre chose. Si je peux aider les gens qui arrivent, avec beaucoup de jeunesse, beaucoup d’idées, un peu d’argent quand même car c’est nécessaire, eh bien je ne vais pas me priver de ça. Et de pouvoir faire revivre toutes les couleurs “sang et or” au plus haut niveau.

Benoît Dequevauviller

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Après un an de recherches infructueuses, Gervais Martel a enfin trouvé les soutiens financiers nécessaires pour pérenniser le RC Lens.

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