par julien.perez

RC Lens - Mercato : faut-il recruter en janvier ? Les pour et les contre

Les nouveaux dirigeants du RC Lens se sont donnés 24 mois pour retrouver la L1 mais n’ont injecté que 8 M€ depuis leur arrivée, sur un investissement possible de 20 M€.

Doivent-ils donc faire un effort au mercato hivernal ?

POUR

PLUS VITE MONTÉS, PLUS VITE SEREINS. Le RC Lens en Ligue 1, c’est le souhait de la totalité des supporters “sang et or”. Mais le RCL parmi l’élite, c’est aussi et surtout une obligation économique pour les dirigeants du club. Depuis les années 2000, le club de l’Artois a été structuré pour survivre grâce à la manne importante des droits télés dévolue aux clubs phare de l’Hexagone. Or, en L2, elle est purement anecdotique (5 M€ pour le champion contre 15 M€ pour le dernier de L1). A deux journées de la fin des matches aller, les Lensois sont en bonne position pour disputer la course à la montée jusqu’au bout (ils sont 3es à deux longueurs de Brest et Troyes). Seulement voilà, au terme de cette saison, seuls deux clubs seront assurés d’évoluer en Ligue 1 durant la saison 2017-18. La 3e place du podium, celle occupée actuellement par le RC Lens, offrira un périlleux barrage face au 18e de Ligue 1 (Bastia au moment du bouclage). Autant dire un pari un peu risqué… Les dirigeants lensois doivent donc se donner, dès le mercato, toutes les garanties pour finir absolument parmi les deux premiers du championnat…

LES MOYENS FINANCIERS LE PERMETTENT. Le groupe Solferino (propriétaire à 65% du club contre 35% à l’Atlético Madrid) n’a injecté que 8 M€ depuis son arrivée au RC Lens, 5 M€ en avril pour prendre le contrôle et 3 M€ en août pour recruter. Or, les actionnaires ont prévu d’injecter jusqu’à 20 M€ dans les caisses du club si nécessaire pour atteindre rapidement leurs objectifs. Mais pas plus ! Et comme on ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait, tout particulièrement en football, il serait peut-être de bon aloi de leur part de ne pas laisser filer leur chance dès cette saison, alors qu’après un début de championnat un tantinet laborieux, les “Sang et Or” se sont bien replacés dans la course à la montée. Seulement attention : avec Troyes, Brest, Reims, Sochaux, Le Havre, Amiens et Lens, on trouve sept prétendants, tous relativement bien armés, aux deux petites places finales ! Il y aura donc forcément quatre ou cinq déçus… De plus, lors de la récente réunion du Bollaert Business Team, Ignacio Aguillo en personne a reconnu qu’au-delà de deux ans sans monter en Ligue 1, la situation pourrait devenir critique pour les nouveaux actionnaires. Somme toute, ne serait-il donc pas judicieux d’investir tout de suite 4 ou 5 M€ supplémentaires pour être pratiquement sûr de monter ? Car de toute façon, si le RC Lens échoue cette saison dans sa tentative, il faudra quand même modifier l’été prochain un groupe qui aura échoué et donc largement remettre au pot…

LE GROUPE EN A BESOIN. Si les résultats sont aujourd’hui plutôt favorables aux Lensois, il semble évident que le groupe peut être ostensiblement amélioré. Déjà, un attaquant de gros calibre ne serait pas du luxe. Si Cristian Lopez montre régulièrement de belles qualités, il lui manque tout de même un petit quelque chose pour devenir le goleador dont disposent toujours les équipes qui accèdent à la Ligue 1. Dans ce registre offensif, le RC Lens semble un peu juste… De plus, que se passerait-il si Benjamin Bourigeaud ou pire encore John Bostock venaient à se blesser en cours de saison ? Par ailleurs, la défense semble manquer d’expérience pour offrir toutes les garanties de solidité, notamment lorsqu’elle subit le match comme c’est parfois le cas face aux grosses cylindrées de la Ligue 2. Enfin, il n’est pas inenvisageable que certains joueurs actuels en manque de jeu demandent à quitter le navire au mercato. Dans ce cas, il s’agirait de remplacer les partants. Et dès lors, pourquoi ne pas miser sur des joueurs de plus gros calibre et donc beaucoup plus chers ?

CONTRE

NE PAS ABÎMER LA BONNE DYNAMIQUE SPORTIVE. “Vous voyez le football de manière individuelle, en pensant qu’en ajoutant trois ou quatre individualités, ça va donner l’assurance d’une équipe pratiquement sûre de monter !, expliquait dernièrement Alain Casanova alors qu’on lui évoquait la question du mercato. Moi, je ne vois pas les choses comme ça… Aujourd’hui, ce qui est très important, c’est notre collectif. Notre collectif sur le plan du jeu, sur la cohésion des relations dans le vestiaire, sur notre management et sur tout le reste. C’est ça qui est très important.” Et, effectivement, le coach lensois l’avait dit en début de saison, alors que son équipe enchaînait les résultats nuls : “J’ai confiance dans le groupe et je sais que ça va fonctionner !”. Aujourd’hui, force est de constater qu’Alain Casanova ne s’était pas trompé et que son équipe ne cesse effectivement de progresser. Alors, malgré le récent couac à Strasbourg, pourquoi venir dérégler la belle mécanique lensoise que le technicien d’origine espagnole semble avoir réglé avec une précision d’horloger suisse ?

SEMER LA ZIZANIE ALORS QUE LE GROUPE VIT BIEN. On sait toujours ce qu’on perd mais jamais ce que l’on trouve, dit le vieil adage !  “Aujourd’hui, si on avait trois ou quatre individualités supérieures à ce qu’on peut avoir, on aurait peut-être des gens capables de faire parfois la différence mais peut-être aussi avec un état d’esprit différent de ce qu’il nous faut pour être compétitifs en Ligue 2, soulignait encore dernièrement Alain Casanova. Et, en finalité, on aurait peut-être un collectif moins important que ce que l’on a en ce moment. Or je travaille l’individu au quotidien. Mais un individu qui est au service du collectif.” En clair, le coach lensois n’a pas du tout envie de voir débarquer des “bad boys” dans son vestiaire, et ce même s’ils ont beaucoup de talent ! Or, ce genre de profil est particulièrement répandu dans le football moderne… “Aujourd’hui, l’effectif que l’on a me convient parfaitement, note encore Casanova. Certes, il y a eu certains manques à certains moments, après des départs importants. Regardez l’explosion de Cyprien, regardez tous les week-ends G’Bamin dans le championnat allemand. Mais plutôt qu’une ou des individualités, je veux que l’équipe travaille et joue de manière très collective.” A Lens, les fortes têtes sont donc indésirables…

NE PAS FERMER LA PORTE AUX JEUNES DU CRU. Déjà, on n’est jamais sûr de ce que l’on va trouver durant le marché d’hiver. Généralement, les meilleurs éléments n’ont pas du tout envie de prendre la poudre d’escampette. Durant le mois de janvier, ce sont donc plutôt les joueurs en rupture de vestiaire ou en indélicatesse avec leur coach que l’on retrouve sur “Leboncoin”… Pas de quoi nous faire rêver ! Ou alors, il faut être capable financièrement d’aller débaucher de très bons éléments ailleurs. Mais là, c’est tout de suite très cher. De plus, de bons joueurs devraient alors forcément prétendre à des places de titulaires. Or, Alain Casanova le dit et le répète depuis son arrivée : il est hors de question pour lui de ne pas favoriser la formation locale. Et comme tout le monde sait que du côté de La Gaillette, de nombreux jeunes poussent très fort derrière la porte de l’équipe première, pourquoi donc aller chercher ailleurs ce que l’on a chez soi ?

Benoît Dequevauviller

Retrouvez cet article dans le dernier numéro de But! Lens, en kiosques ou sur notre boutique en ligne.

Podcast Men's Up Life
 

Pour résumer

Les nouveaux dirigeants du RC Lens se sont donnés 24 mois pour retrouver la L1 mais n’ont injecté que 8 M€. Doivent-ils faire un effort au mercato ?

julien.perez
Rédacteur
julien.perez

La quotidienne

Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.