par julien.perez

RC Lens : les 3 gros problèmes qui perdurent à Bollaert

Si toutes les réserves ont été levées et que le stade Bollaert-Delelis a été livré le 26 janvier, il restait des détails à régler en début de mois dans le cadre des « garanties de parfait achèvement ».

Damien Vanoise, le monsieur sécurité et travaux du stade du RC Lens, apporte son décryptage.

1. La pluie sur les premiers rangs

La problématique ? En cas de pluie abondante et “chassante”, les premiers rangs des quatre tribunes du stade Bollaert reçoivent de l’eau. S’il pleut sans vent, quelques rangs sont mouillés. Mais s’il pleut avec du vent, c’est jusqu’au dixième rang ! Si les spectateurs des tribunes Delacourt, Marek et Trannin ne s’en plaignent pas particulièrement, ça gronde en Lepagnot, chez les partenaires qui s’acquittent des places les plus chères. Le club va donc devoir changer son fusil d’épaule pour la répartition des VIP. Est-ce une erreur de conception ? « C’est plutôt une question d’interprétation, souligne Damien Vanoise. Les architectes avaient parlé de tribunes couvertes. Donc, dans l’esprit de chacun, pas une goutte de pluie ne devait arriver sur le premier rang. » Alors pourquoi les premiers rangs sont-ils mouillés en cas de fortes pluies ? « C’est un stade ouvert, poursuit le responsable des opérations au stade. Donc, il y a un phénomène de courants d’air. Les angles ne sont pas fermés. Il y a en permanence des mouvements d’air. Mais même au Stade de France, les premiers rangs sont à la pluie ! Je n’ai aucun problème pour expliquer ça. Tous les stades en France ont été conçus comme le nôtre. » D’ailleurs la maîtrise d’ouvrage est claire sur le sujet : “Dans un stade couvert, des rangs sont toujours touchés par la pluie. C’est le cas dans tous les stades de l’Euro”.

La solution ? Le stade est conforme au cahier des charges. Une solution technique est donc difficile à envisager. De plus, pour gagner 4 ou 5 rangs au sec, “l’architecte explique qu’il faudrait prolonger de 21 mètres la couverture”, explique Damien Vanoise. Et si les modifications ne concernaient que la Lepagnot ? “Un statut particulier pour une tribune ?, intervient Didier Roudet, le directeur général du RCL. Je ne suis pas d’accord. Il n’y a pas de statut particulier juste pour la Lepagnot. Il y a d’autres tribunes où certes les places sont moins chères mais où les gens sont aussi mouillés. Donc, si on envisage quelque chose, on doit aussi bien l’envisager pour les VIP que pour les autres tribunes”. Damien Vanoise conclut sur d’éventuels travaux de structures : “C’est inenvisageable techniquement. Donc, c’est à nous de trouver la bonne solution !”. En clair, le club va devoir adapter son offre commerciale. “C’est notre boulot, acquiesce Damien Vanoise. A nous de proposer une place au même prix à l’abri ou alors d’accepter, comme on le faisait avant derrière l’écran de la Delacourt où la visibilité était moindre, de faire payer moins cher. De toute façon, on a un nombre de mètres carrés d’hospitalité très important. C’est la chance que nous avons. Cela va nous permettre de jongler et donc de minimiser cet impact pluie, là où des prestations sont vendues assez chères.” Le coût pour le club ? Le manque à gagner commercial est difficile à estimer.

2. Les grilles qui cèdent en Marek

La problématique ? Les grilles séparant la tribune Marek et la pelouse cèdent régulièrement sous le poids des supporters. “Les grilles ne sont pas faites pour avoir une telle agitation dans la tribune, précise Damien Vanoise. Elles ne sont pas conçues pour une action répétée et volontaire. Sur les premiers incidents, on a constaté que les grilles étaient usées par le mouvement. Les spectateurs sont debout et, sur les buts, ils exercent une forte poussée. Donc ça finit par casser.” Est-ce une erreur de conception ? La règle impose une résistance de 170 décanewton par mètre carré (il faut multiplier environ par 1.019 pour obtenir la conversion en kilogrammes). “Or, sur Bollaert-Delelis, nous sommes déjà à 250”, explique Damien Vanoise. Donc, là aussi, le cahier des charges a été respecté.

La solution ? “On va monter à une résistance de 500 ou 700 decanewton au mètre carré”, détaille Damien Vanoise. Pourquoi ne pas avoir rapidement effectué les travaux ? “On a dû attendre les autorisations de la Ligue et de la sous-préfecture de Lens, justifie le monsieur sécurité de Bollaert. D’ailleurs à ce sujet, Mme De Giovanni, la sous-préfète, nous a bien aidés.” La résistance sera-t-elle cette fois suffisante ? “Ah là, si ça tombe, il faudra fermer la tribune.” C’est Damien Vanoise qui le dit ! Les travaux devraient être réalisés très rapidement, après l’accord final du comité des infrastructures de la Fédération.

Le coût pour le club ? 15.000 €. Mais le coût payé sera assumé par l’équipe projet. “La Région a dégagé le budget dans ce qui restait en priorité pour régulariser, explique Didier Roudet. On a rogné sur la luminothérapie acheté en leasing  confort rampes. On bougera les rampes plus souvent, ça nous a permis de minimiser l’achat. Et du coup, on a aussi déplacé du budget sur les barrières.

3. Les sièges de la Marek

La problématique ? Les supporters ne veulent pas du tout être assis dans le kop. Ils ont donc manifesté sur certains matches où des sièges ont été cassés ou déboulonnés. Mais, par ailleurs, le stade a été rénové pour l’Euro et pas forcément pour le Racing Club de Lens. Or, la Marek, le long du terrain, est la deuxième tribune où se vendent les places les plus chères pour l’Euro, après la Lepagnot centrale. Ça signifie donc des sièges assis et cossus.

Est-ce une erreur de conception ? Non. La législation française n’autorise pas les places totalement debout, même si Gervais Martel a rencontré dernièrement Patrick Kanner (Ministre de la ville et des sports) pour faire évoluer le législatif. “Mais ça prendra du temps, déplore Didier Roudet. Pour le moment, ils étudient juste la faisabilité de modification de la loi.

La solution ? “On étudie le changement de certains sièges”, annonce Damien Vanoise. Comme le système mis en place au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne ? “Non”, répond le patron de Bollaert. “L’emmarchement n’est pas du tout le même. Celui de Saint-Etienne permet d’avoir une assise directement sur le béton. Nous, nous sommes à une hauteur de marche classique, très basse en bas et beaucoup plus haute en haut. On s’oriente plus vers le système de VA ou de Schalke 04.” De quoi s’agit-il précisément ? “C’est un siège rabattable donc les supporters restent debout mais avec tout un système de garde-corps pour éviter des mouvements de foules qui ont occasionné des drames par le passé.” Quand les modifications seront-elles effectuées ? “Nous sommes bloqués jusqu’à l’Euro. Même pour un match amical pendant la trêve, on devait avoir l’autorisation de l’Euro. C’est vous dire…” Ce système a-t-il des inconvénients ? “Déjà, ce n’est pas top esthétique et il ne sera plus écrit RC Lens !” En plus, c’est cher et ça fait perdre des places ! Pour le moment, le club travaille sur trois blocs de la Marek et non sur les sept. De par la législation incendie, le fait de passer en places amovibles au lieu d’assises ferait alors perdre 120 places sur les 4.000 que compte la tribune Marek. Et si les sept blocs étaient concernés, ce serait 450 places perdues au final. De quoi donner un nouveau motif de contestation aux supporters…  Pour le moment, le projet a été pré-accepté par la commission et validé par celle de la Fédération et même par les supporters lensois. Mais il faut encore vérifier si le béton de la tribune tiendrait le coup avec ce nouveau dispositif qui modifie les contraintes…  Le coût pour le club ? 175.000€ hors pose et juste pour trois blocs sur les sept de la Marek.

Notre correspondant à Lens, Benoît Dequevauviller

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Pour résumer

Si toutes les réserves ont été levées et que le stade Bollaert-Delelis a été livré le 26 janvier, il reste des détails à régler. Explications.

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Rédacteur
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