OL : vers un éclatement de l’empire Textor ? Trois scénarios explosifs sur la table

John Textor
Alexandre Corboz
3 juillet 2025

Première étape vers l’éclatement de la multipropriété Eagle, le retrait du CA de l’OL de John Textor permet d’envisager un nouveau fonctionnement. Voici les trois scénarios qui permettraient au club rhodanien de prendre son indépendance.

Avec la mise en retrait lundi de John Textor, qui ne siège même plus au conseil d’administration d’Eagle Football Group (ex-OL Groupe), le sujet d’une sortie progressive de l’Olympique Lyonnais est arrivé sur la table. Si, pour l’heure, l’actionnariat de la Holdings n’a pas officiellement évolué, le passage prochain devant la DNCG fédérale et la nécessité de réinjecter au minimum 70 M€ de cash devraient néanmoins pousser la structure à évoluer. Si une sortie à très court terme de la multipropriété Eagle est hautement improbable selon le grand spécialiste de la financiarisation du club Malek, invité de notre dernier Talkshow OL, il existe au moins trois scénarios permettant de « faire exploser » le groupe mis en place par John Textor.

Scénario 1 : un investisseur rachète Eagle Football Group

C’est aujourd’hui le scénario le plus compliqué et nécessiterait une OPA en bonne et due forme. « Pour sortir l’OL, la meilleure chose à faire est de racheter toutes les actions d’Eagle Football Group. Cela éviterait un conflit d’actionnaires », nous explique Malek. Aujourd’hui, l’actionnariat est composé à 87,7% des parts de la Eagle Football Holdings Bidco Limited, à 6,8% en auto-détention par le club, à 3,1% en bourse et toujours à 2,4% par la société Holnest de Jean-Michel Aulas. Le cours de l’action étant à 1,86€, il faudrait qu’un généreux investisseur soit prêt à payer au moins 327 M€ d’actions pour récupérer la main à ce niveau… et l’intéressé récupèrera à la fois les actifs et l’immense dette de l’Olympique Lyonnais actuellement. Il faudra aussi ménager les attentes de Goldman Sachs, détenant un nantissement sur les actions d’OL SASU, la société exploitant directement l’OL. Un pari inenvisageable, soyons honnête.

Scénario 2 : Textor est mis en minorité au sein de la Holdings

C’est un autre moyen de mettre fin à la multipropriété dans sa forme actuelle. On le sait : le projet a été imaginé par John Textor qui est, selon les chiffres connus, à 65,4% dans la Eagle Football Holdings Limited. Un chiffre qui pourrait (ou aurait déjà été ?) dilué à 55%. Imaginons que Michele Kang veuille mettre fin aux connexions entre les clubs Eagle (OL, Botafogo, Daring Brussels), la femme d’affaires – qui est actuellement à 5,7% des parts (un peu plus en conversion des actions dont elle dispose) – devra faire un investissement conséquent, supérieur à 100 M€ – pour reprendre la main à John Textor. La propriétaire d’OL Lyonnes n’a pas vraiment d’intérêt à le faire à ce niveau puisque ce serait elle qui se retrouverait alors à devoir gérer les soucis avec les nombreux fonds prêteurs… à commencer par Iconic Sports, qui réclame aujourd’hui 93 millions de dollars pour sortir d’un groupe dont il dispose de 16,8% des parts.

Scénario 3 : Arès coupe le lien au niveau de la Holdings

« La question se pose réellement sur la possibilité de couper la Holdings du reste. C’est tout le financement du LBO qui s’en retrouverait impacté », analyse Malek. Dans la structure pyramidale d’Eagle, c’est à ce niveau qu’Arès Management a la main. Le prêt de John Textor n’a pas été contracté via la Holdings mais via la société Bidco. C’est donc là que les clubs ont été mis en gage ! Dans cette plate-forme de gestion opérationnelle et d’acquisition des clubs, il y a aujourd’hui trois administrateurs : John Textor bien sûr, Mark Affolter (le représentant d’Arès)… et Christopher Mallon, expert indépendant en restructuration nommé le 7 mai. « Aujourd’hui, Arès a déjà le contrôle par ce biais, sans exécuter ses gages », note notre juriste préféré Malek. En effet, s’il est suivi par Mallon dans ses décisions, Arès Management est à deux voix contre une depuis l’évolution des statuts décidée le 6 mai.

Parmi les nouvelles règles négociées, on retrouve d’ailleurs une clause « Relegation Event » – spécialement écrite en cas d’échec de l’OL à se maintenir en Ligue 1 – qui peut permettre au prêteur d’exécuter ses gages avant 2028. Si on en arrive là, on assisterait alors à un éclatement de la multipropriété puisque Botafogo resterait (normalement ?) aux mains de John Textor alors qu’Arès reprendrait l’OL et le Daring Brussels… Avec la possibilité de revendre à la découpe.

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