par Laurent HESS

ASSE : Gasset, le sprint final, l'avenir du club... Luis Fernandez donne son avis sur les Verts

Luis Fernandez se livre sur la place qu'occupe l’ASSE aujourd’hui en Ligue 1, sur ses perspectives et le travail de Jean-Louis Gasset, mais aussi ses regrets d'avoir vu Christophe Galtier quitter le Forez.

Entretien.

But : Luis, les résultats de Jean-Louis Gasset à l’ASSE vous impressionnent-ils ?

Luis FERNANDEZ : Je porte un regard sur tous les clubs. Et parmi les grandes équipes du Top 5 de Ligue 1, je remarque qu’un gros travail a été effectué chez les Verts. Jean-Louis a eu pendant très longtemps un poste d’entraîneur adjoint. Désormais, il réussit en tant que numéro 1. Mais au niveau des moyens financiers, je note que là où on n’a pas donné à Galtier, à Saint-Etienne, on a donné à Jean-Louis. Il y a du talent, du potentiel dans les joueurs présents. Quand Christophe Galtier était coach, tout le plan budgétaire était contrôlé, avec notamment le « salary cap ». Il n’a pas pu avoir les joueurs que Jean-Louis Gasset a aujourd’hui. Aujourd’hui, le projet a changé, ça se voit, mais le club aurait dû le changer avant. Saint-Etienne aurait pu être le Lille d’aujourd’hui depuis quelques années déjà.

Vous trouvez que l'ASSE a manqué d'ambition ?

Elle possède un public incroyable. Pour le moment, les résultats sont bons en championnat. Et les supporters de Saint-Etienne méritent des résultats à la hauteur de l’ambiance qu’ils mettent à chaque match. Les dirigeants parlaient d’une volonté de vendre le club. Je pense qu'il est temps pour l’ASSE de basculer dans une plus grande dimension. À présent, seul le projet sportif doit compter. L’âme du club restera présente, c’est les supporters qui la détiennent. Il faut que les deux présidents arrivent à se mettre d’accord. Suite à ça, le club évoluera. Ils ont les infrastructures et les moyens qu’il faut. Et pour accélérer le processus, ce serait bien d'aller chercher cette 3ème place. Je pense que les Verts en ont les moyens. Il faut avant tout y croire. Il y a une telle ambiance dans le Chaudron, il ne faut pas gâcher cette opportunité d’emmener le peuple Vert en Ligue des Champions.

Le calendrier est favorable...

Je trouve aussi. Le match le plus dur est certainement celui à Monaco. Les Verts avaient eu un dernier déplacement difficile à Reims mais ils l'ont bien négocié. S'ils en font de même sur le Rocher, je pense que ça sentira bon pour eux.

Vous avez connu Jean-Louis Gasset au PSG et à l'Espanyol de Barcelone. Que pensez-vous de lui ?

Il sait parler, il a son vocabulaire, ses analyses, son calme et sa tranquillité. En tant que numéro 2 à mes cotés ou avec Laurent Blanc, il a fait un travail remarquable. Et son travail chez les Verts l'est tout autant.

Pourquoi aviez-vous fait appel à lui comme adjoint ?

A l'époque, je travaillais avec Pierre Alonzo. Mais quand il a voulu arrêter, j'ai cherché quelqu'un de son profil. Jean-Louis était en poste à Istres. Des intermédiaires me l'ont conseillé.

Quel type d'adjoint était-il ?

C'était quelqu'un sur qui je pouvais m'appuyer. J'avais une totale confiance, comme avec Pierre Alonzo. Il n'y a pas de secret : quand une équipe marche bien, c'est que le staff fait du bon boulot et que les gens s'entendent bien. On a eu une bonne connexion lui et moi. Il m'avait beaucoup apporté, comme il l'a fait après avec Laurent Blanc.

« Galtier montre à Lille qu'il est un très bon entraîneur. Il aurait fallu lui donner plus de moyens et il aurait pu devenir le Alex Ferguson des Verts. »

A l'ASSE, il s'appuie sur des joueurs expérimentés mais il a aussi lancé des jeunes...

Il compte sur les jeunes du club. C’était l’une des failles de l’AS Saint-Etienne de ne pas réussir à garder ses jeunes, comme Zouma, Saint-Maximin ou encore Bamba. Aujourd’hui, avec la prolongation de Saliba, Saint-Etienne peut espérer mieux. Quand on est en finale de la Coupe de Gambardella, c’est qu'il y a du talent au centre de formation. Il faut que Saint-Etienne puisse encore plus compter sur ses jeunes. C'est l'avenir du club. Jean-Louis a fait bénéficier le club de ses relations. Récupérer des gars comme Debuchy, M’Vila, Aït Benasser, Khazri, Cabella, ça n'aurait sans doute pas été possible sans lui. Et il peut s'appuyer sur un coach expérimenté comme Ghislain Printant dans son staff, avec Julien Sablé.

Vous regrettez donc que l'ASSE n'ait pas suivi le modèle lillois...

Oui. C'est le fonctionnement du club qui ne m'a jamais vraiment convaincu, avec le duo de présidents. C'est difficile de toujours être d'accord quand vous êtes deux à décider. En sept ou huit ans, les deux présidents n'ont pas vraiment fait évoluer le club. Ils n'ont pas pu construire un nouveau stade comme l'a fait Aulas à Lyon, on n'a pas senti de progression année après année. Quand on se souvient où était l'ASSE avant l'arrivée de Jean-Louis... C'était très inquiétant. Heureusement qu'ils ont corrigé le tir. J'aimerais qu'on fasse un peu plus de place à Dominique Rocheteau chez les Verts.

Vous semblez tenir en haute estime Christophe Galtier...

Bien sûr. Galtier montre à Lille qu'il est un très bon entraîneur. J'ai trouvé ça dommage que Saint-Etiene le laisse partir. Il aurait fallu lui donner plus de moyens et il aurait pu devenir le Alex Ferguson des Verts. Il était jeune, dynamique et bien ancré dans la culture stéphanoise.

Nathan VACHER, avec LH

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Pour résumer

Luis Fernandez se livre sur la place qu'occupe l’ASSE aujourd’hui en Ligue 1, sur ses perspectives et le travail de Jean-Louis Gasset, mais aussi ses regrets d'avoir vu Christophe Galtier quitter le Forez. Entretien.

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