ASSE – Le rendez-vous de Didier Bigard : « Wadji, Appiah, des forfaits qui se paient »

« Faut-il être absent pour être reconnu? La question ne s’adresse pas à Laurent Batlles. Si depuis plusieurs semaines, il s’appuyait sur le même onze, c’est parce qu’il avait mesuré l’équilibre de l’équipe de son système et de son milieu de terrain. On ne change pas une équipe qui gagne, encore moins quand elle affiche sérénité et solidité, qu’elle ne fait plus trembler derrière, qu’elle fait trembler les filets devant. Non, la question est plutôt celle que se posent supporters et observateurs pas toujours tendres dans leurs commentaires, qu’ils se manifestent par des sifflets ou quelques notes en rouge.
Ibra Wadji constitue un exemple de ce décalage entre le ressenti d’une prestation et la réponse apportée à l’attente de l’entraîneur. Lorsqu’il marque (9 buts) ou est créatif (1 passe décisive), il échappe bien sûr à la critique, mais qu’il manque une reprise à bout portant, qu’il bute sur le gardien après un long déboulé et sa cote plonge, dans les tribunes du stade ou des médias. Normal : on attend d’un buteur qu’il marque, en oubliant du coup que chaque raté témoigne d’une action bien menée, d’un placement ou d’un appel intelligent. Wadji vendange au point de se voir attribuer des pieds carrés par un ancien technicien du club, pas toujours tendre, mais finalement conciliant dans un second temps « Il est encore jeune, il faut qu’il travaille devant le but. Il peut progresser ». La remarque fait penser aux débuts pas toujours adroits de Bafé Gomis qui a eu la chance de pouvoir compter sur l’abnégation d’un spécialiste du poste qui n’a pas compté ses quarts d’heure de spécifique avec lui, à la fin des séances d’entraînement, Laurent Roussey. Et on repense aux promesses de l’arrivée d’un entraîneur pour les attaquants comme il y en a pour les gardiens.
Leur absence mesure de leur importance
C’est un autre sujet, un autre budget, mais l’investissement mériterait d’être projeté, évalué, à l’heure où le club se cherche des joueurs bankables et non bancals (attention aux fautes de frappe). Wadji n’utilise pas toujours le bon pied, mais pour revenir à notre sujet initial, Batlles ne s’arrête pas à sa seule réussite ou maladresse. Et c’est par l’absurde, à savoir son absence, qu’on a mesuré l’importance de l’espoir sénégalais révélé en Norvège et confirmé en Azerbaïdjan. En direct, lors du match à Rodez, nos confrères de la Chaîne L’Equipe ont rapidement mis en exergue le manque de profondeur du jeu stéphanois, lié au forfait de Wadji, ce que n’a pas manqué de relever Laurent Batlles « L’absence d’Ibra ne nous a pas permis d’avoir de la profondeur et d’étirer le bloc adverse ».
De l’autre côté du terrain même si c’est dans une mesure plus relative, la blessure de Dennis Appiah qui a manqué la réception de Metz a également mis le doigt sur le rôle de l’ex-Nantais, pas toujours mis en avant, parce qu’il est moins spectaculaire de défendre debout qu’en taclant à tout va, car mal placé au départ. Appiah joue juste, compense, verrouille et son renoncement face aux Messins a eu d´autant plus d’impact qu’il manquait déjà Anthony Briançon dans l’axe. D’autres joueurs pourraient prouver leur importance par leur absence. Tantôt discuté parce qu’il manque des dribbles, tantôt reconnu pour son activité, Benjamin Bouchouari mettrait peut-être tout le monde d’accord en restant sur le banc. Ses adversaires ont reconnu depuis longtemps ses qualités, comme Batlles qui en a fait un titulaire, même si, ancien meneur de jeu technicien hors pair, il sait que le jeune Belgo-Marocain a une marge de progression. D’autres avant lui en avaient peut-être aussi, mais ni leur présence ni leur absence n’ont vraiment convaincu de leur importance. Et ils sont sur le banc. »
Didier Bigard