OL : comment Textor a ruiné le club en deux ans et demi !

John Textor, l'actuel CEO d'Eagle Holdings
Alexandre Corboz
7 juillet 2025

Écarté de son poste d’administrateur de l’OL, John Textor ne réapparaîtra sans doute plus jamais à Lyon même s’il reste encore largement majoritaire au conseil d’administration de la Holdings. Une chose est certaine : l’Américain a laissé de nombreux cadavres dans les placards pour son amie Michele Kang, qui lui a succédé, ainsi que pour le fond prêteur Arès. On fait le point.

Plus de 270 M€ d’actifs dilapidés

Dans la sémantique de John Textor, le fait de recentrer les activités de l’OL autour du football masculin a permis de justifier le fait de démanteler dans les grandes lignes le projet monté par Jean-Michel Aulas. En l’espace de deux ans et demi, de nombreux actifs jugés non essentiels ont quitté l’OL Groupe (désormais appelé Eagle Football Group). Ainsi, Textor a revendu pour 160 M€ la LDLC Arena (reprise du prêt + 16 M€ réglés en actions par Holnest + 54 M€ de cash) et OL Reign pour 54 M€. Michele Kang a aussi profité de cette grande braderie pour acquérir plus de 84% de l’OL Féminin (valorisé à 37 M€) en ne déboursant que 11 M€ de cash et en récupérant pour 20 M€ le bail de l’OL Académie de Meyzieu.

Au total, c’est plus de 270 M€ d’actifs qui sont partis en fumée sans que cela ne serve à baisser la dette puisqu’une très grosse partie des liquidités générées est allée dans le fameux « pot commun » Eagle Football Holdings Bidco Limited. Aujourd’hui, du fait de ses cessions, Michele Kang doit œuvrer avec un club dont le montant des actifs est inférieur à la dette.  

Les cadeaux faits à Botafogo qui ont creusé l’endettement

Parce que John Textor n’a pas gagé Botafogo auprès d’Arès et parce qu’il a monté son projet avec le CEO du club brésilien Thairo Arruda, l’Américain a tout fait pour avantager le dernier vainqueur de la Copa Libertadores, quitte à largement siphonner l’Olympique Lyonnais. A l’été 2023, après avoir éjecté Jean-Michel Aulas, le Lyon de Textor a notamment investi dans OL LTDA BRL (48,9 M€). Une société qu’il a vendu un an plus tard à Botafogo pour plus de dix fois moins et dont il s’est servi pour emprunter 63 M€ au Brésil (prêt exposé au Reais qui figure dans les rapports comptables de l’OL !). En 2024, une autre société OL Brésil a été créée, là aussi pour investir directement à Botafogo (8,2 M€ prêté par l’OL SASU).

Plusieurs lanceurs d’alertes sur X et YouTube (Laurenzo, Micka, Malekao, Don Ramon) ont également mis en exergue une manœuvre largement bénéficiaire à Botafogo avec des joueurs achetés directement par l’OL pour la formation carioca (L.Henrique, T.Almada, I.Jesus, J.Cunha ?), puis des droits économiques cédés à Lyon pour une somme supérieure (+150% avec une plus-value immédiate de 50 M€) et sur lequel « Fogo » aurait systématiquement fait de l’affacturation. Une manœuvre certes légale qui a permis un gain immédiat de trésorerie pour Botafogo… Mais qui s’avère désastreuse pour l’OL qui va devoir rembourser les sommes facturées aux entreprises financières en ne récupérant en retour que le fruit des ventes réalisées par le Champion du Brésil en titre. Ventes – dont certaines ont été effectuées au rabais (comme celle d’Igor Jesus pour 12 M€ à Nottingham Forest) – et sur lesquels il n’a aucun droit de regard pour ne pas tomber sous le coup des règlements autour de la tierce propriété des joueurs, interdite par la FIFA. 

Une masse salariale délirante

C’est le dernier cadavre du placard mais pas le moins encombrant. En enchaînant les gros transferts à chaque fois que la DNCG l’a autorisé à recruter, John Textor a fait exploser la masse salariale de l’OL. De 130 M€ en moyenne à l’époque Jean-Michel Aulas, le poids des salariés au sein du club est monté jusqu’à 170-180 M€ sur l’exercice 2024-25, imposant un plan de sauvegarde de l’emploi et le départ de 100 salariés mais également le gros dégraissage de l’effectif l’hiver dernier. Il y a aussi quelques « bizarreries » dans ce dossier. Ainsi, L’Equipe nous apprend que l’OL disposait de 54 salariés joueurs cette saison quand son effectif n’a jamais excédé la trentaine d’unités. Difficile de savoir où étaient tous ces joueurs comptabilisés dans la masse salariale de la saison (visiblement en incluant la Pro 2, l’Académie et les joueurs du Dakar Sacré-Coeur, le club partenaire au Sénégal). Toujours est-il qu’à l’heure où le fair-play financier européen impose aux clubs de ne pas dépenser plus de 70% de leurs revenus en masse salariale, Lyon est aujourd’hui très loin des clous et, si les Gones survivent à leur passage en DNCG fédérale ce jeudi, il leur faudra forcément réduire encore largement la voilure pour corriger les erreurs de John Textor. Non content d’avoir fait exploser la dette nette de trésorerie et la dette sur les contrats de joueurs via des achats dispendieux et déraisonnés (Niakhaté, Mangala, Nuamah), le boss du groupe Eagle a rajouté un pan très problématique à l’équation du futur du club. Sous réserve que ce futur existe encore…

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