Parti à Chelsea contre un chèque de 15 millions d’euros, Mathis Amougou (19 ans) n’avait visiblement plus totalement la tête à l’AS Saint-Étienne au mercato hivernal.
Rejoindre une écurie comme Chelsea fait tourner les têtes. Ce serait le cas pour Mathis Amougou. Transféré chez les Blues par l’AS Saint-Etienne contre un chèque de 15 millions d’euros pas plus tard qu’hier, dernière journée du mercato hivernal, le milieu de terrain de 19 ans était pourtant un joueur sur lequel comptait Kilmer Sports Ventures.
« Quand tu ne veux pas rester à l’ASSE… »
Selon Mohamed Toubache-Ter, Amougou ne voulait pourtant pas resté à Saint-Etienne. Sans doute conscient qu’une telle opportunité ne se représenterait pas de sitôt, l’intéressé avait clairement fait son choix. « Il a été saucé comme jamais quelqu’un n’a été saucé à l’ASSE, a-t-il expliqué. Je ne sais pas pourquoi et je me pose encore des questions… Quinze millions, c’est bien vendu mais quand tu ne veux pas rester à l’ASSE, la porte est grande ouverte. Kilmer a eu raison de le vendre parce qu’il vaut mieux vendre quelqu’un qui veut partir et qu’on pousse à partir que de le garder à la maison. »
Cette sortie détonante de l’insider prouve que le milieu de terrain de 19 ans, qui avait brillé avec l’équipe de France U17 lors du Mondial de la catégorie il y a deux ans, au point d’être désigné troisième meilleur joueur de la compétition, a été influencé par ses représentants ou ses proches. Mais ce phénomène de départ précoce d’un joueur du centre de formation n’est pas une nouveauté à Saint-Etienne, loin de là. Depuis près de dix ans, c’est même devenu une sorte de tradition afin que le club puisse éponger son déficit structurel.
On se souvient ainsi qu’à l’été 2020, après une seule saison chez les professionnels dans les jambes, Wesley Fofana avait demandé à partir pour l’Angleterre. Il s’était engagé avec Leicester pour 35 M€ alors qu’il avait à peine 20 ans. Il avait certes réalisé des premiers pas impressionnants chez les professionnels mais il n’avait encore rien prouvé. Un an plus tôt, c’est William Saliba qui avait été vendu par l’AS Saint-Etienne, tout juste après son éclosion. Le défenseur central s’était engagé avec Arsenal, qui l’avait prêté aux Verts pour une année. En 2022, Lucas Gourna-Douath a lui été vendu au Red Bull Salzbourg pour mettre à l’ASSE d’encaisser le traumatisme financier de la relégation en Ligue 2.
L’attrait de la Premier League est puissant
Mais les temps ont changé et Kilmer Sports a apporté une certaine sécurité à l’ASSE au niveau économique. Le départ de Mathis Amougou s’inscrit donc davantage dans une autre dynamique, qui touche plus globalement le football français : l’attrait de la Premier League. Les jeunes footballeurs sont très attirés par le championnat anglais, où les salaires sont plus élevés, les stades plus remplis et le jeu plus ouvert. Ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui mais, depuis l’arrivée Bosman en 1996, il ne fait que s’accentuer. Surtout que la crise des droits TV a plongé l’ensemble du football français dans une spirale négative, même les clubs ayant un actionnaire fort.
C’est pourquoi il semblait bien hasardeux d’imaginer que Mathis Amougou aurait pu être convaincu de rester dans son club formateur alors que Chelsea cognait à la porte. Les Blues sont très loin de leur niveau à l’époque où Roman Abramovitch en était le propriétaire mais ils demeurent une place forte du championnat le plus couru de la planète. Leur effectif est certes pléthorique mais ils ont un club satellite comme Strasbourg qui propose des passerelles pour jouer un jour à Stamford Bridge.
Entre la Ligue 1 appauvrie, où le suspense est nul à cause de la puissance financière du PSG, et l’avenir sportif incertain d’une ASSE qui va batailler jusqu’au bout pour son maintien, le choix était vite vu pour Mathis Amougou. Surtout si, en plus, son entourage a clairement pris position pour un départ de l’autre de la Manche. La vraie déception pour la direction stéphanoise est de ne pas avoir réussi à se mettre d’accord avec son homologue de Chelsea pour obtenir un prêt du joueur. Car quitte à ce qu’il revienne en Ligue 1, mais à Strasbourg, pour gagner de l’expérience, il aurait pu le faire dans un environnement qu’il connaît très bien, celui de l’ASSE. Mais là, c’est un autre problème qui s’ouvre, celui de la multipropriété des clubs…
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— Mohamed TOUBACHE-TER (@MohamedTERParis) February 4, 2025