OL, Botafogo, Textor… Plongée dans le conflit interne qui menace Eagle (2/2)

Si l’OL a réussi à se redresser sportivement et en grande partie économiquement cet été, le groupe Eagle, lui, reste fragilisé par de sérieux dossiers autour de John Textor. Des tensions qui pourraient bien secouer les tribunaux à Londres, aux États-Unis ou au Brésil. On vous explique ce qui se trame vraiment dans les coulisses.
Comment le litige Textor vs Arès/Iconic/Kang peut-il se résoudre ?
Aujourd’hui, toutes les parties sont en négociation. Concrètement, trois solutions peuvent sortir John Textor et ses prêteurs de la crise. La première est que l’Américain rachète Botafogo et Molenbeek à Arès via Eagle Caïmans et lance un nouveau projet. Économiquement, cela s’annonce compliqué : il devra trouver de nouveaux partenaires financiers et s’accorder sur le prix. Alors qu’il estimait encore il y a quelques mois la valeur du club brésilien à 300 M€, il s’appuie désormais sur le récent rapport de la SAF qui fixe la valeur d’exploitation de Botafogo à 100 M€ et sa valeur économique à… 15,8 M€.
La seconde option est que John Textor soit éjecté manu militari de toutes les strates d’Eagle, y compris Botafogo où il dispose encore de sa garde rapprochée (Arruda, Danilo Caixeira, Eduardo Iglesias…). Il faudra alors réinjecter des liquidités dans le club et établir un nouveau board, que ni Arès ni Christopher Mallon ne souhaitent gérer au quotidien. Par ailleurs, la reprise des parts de Textor par Iconic Sports via l’exécution des gages pourrait ne pas être une bonne nouvelle pour les autres prêteurs déjà minoritaires (Arès, Kang). Chacun a donc des intérêts financiers à défendre.
Enfin, un scénario à ne pas exclure est le statu quo : un « remariage de fortune » avec John Textor, qui resterait cantonné aux clubs où il n’est pas persona non grata. Dans ce cas, comme pour l’OL, les prêteurs devront injecter des fonds pour éviter une cessation de paiement à Botafogo. La Bidco souhaiterait dans ce cas qu’un audit comptable soit réalisé. Mi-octobre, le club auriverde n’aura plus de trésorerie disponible, et des évolutions sont à prévoir d’ici là.
Pourquoi l’OL se refuse à entrer dans le conflit avec Botafogo ?
En conférence de presse, le directeur général de l’OL, Michaël Gerlinger, a botté en touche sur le dossier Botafogo, estimant qu’il s’agissait « d’une discussion interne à Eagle avec une armada de comptables » gérée par les actionnaires. À Lyon, la ligne est claire : ne pas se mêler des tensions entre actionnaires et traiter la SAF Botafogo comme n’importe quelle autre club.
Derrière cette neutralité affichée, les deux dossiers restent liés. L’OL rembourse près de 110 M€ d’affacturage lié à cinq joueurs de Botafogo dont les droits économiques ont été transférés (L.Henrique, T.Almada, I.Jesus, J.Cunha, Savarino), une opération qui a largement soutenu sa trésorerie 2024-25 (environ 100 M€ récupérés) très déficitaire du fait de la gestion cavalière de John Textor. En contrepartie de ces mouvements qui s’affichent au passif envers Botafogo, le club attend toujours que le club auriverde reverse les recettes de ses transferts estivaux (environ 45 M€, approchant la somme réclamée par Eagle à Textor pour sa gestion illicite de la multipropriété). Chose que Botafogo n’a pas fait à l’instant t. Une faillite du club brésilien aurait donc des répercussions directes à Lyon. C’est d’ailleurs ce qu’a reconnu implicitement Michaël Gerlinger en conférence de presse lorsqu’il nous parlait des défauts de paiements de clubs ou de fournisseurs qui mettraient à mal la situation de l’OL.
Ancien dirigeant du groupe Eagle, l’Allemand garde aussi des attaches au Brésil et préfère éviter qu’un conflit actionnarial ne détériore les relations de travail. Des relations néanmoins limitées au strict minimum car, si la plupart des joueurs recrutés par la cellule auriverde en vue d’un rebond à Lyon sont partis, il en reste encore un (Montoro ?) à qui l’OL a décidé de renoncer pour ne pas créer davantage de complexité au dossier. À l’OL, Botafogo est vu moins comme un ennemi que comme une autre victime du système Textor. Une victime que l’on se refuse à enfoncer malgré le zèle d’une caste dirigeante zélée restée proche de l’Américain.
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