par Alexandre Corboz

Le blog SDF : « Anthony Martial, quand on a vu son bulletin scolaire, on a pris peur ! »

Formateur de 1981 à 2010, André Merelle (70 ans) a dirigé l’INF Clairefontaine durant douze ans.

Pour « But ! Football Club », l’ancien arrière-gauche revient sur ses années dans la plus prestigieuse pouponnière du foot français et les joueurs qui l’ont marqué.

Le joueur le plus fort ? Il y en a beaucoup. A l’INF, on a eu des tas de joueurs qui ont fait une brillante carrière. Le premier, ça a été Jean-Pierre Papin. Si je dois en ressortir un plus qu’un autre ? Ce serait Nicolas Anelka. Après, la carrière qu’il a fait et la réussite qu’il a eu, c’est autre chose… Il n’a pas eu la même trajectoire ni le même respect qu’on accorde à Thierry Henry par exemple mais intrinsèquement, il était au-dessus.

Le joueur le plus surprenant ? Blaise Matuidi. Aujourd’hui, c’est un phénomène. A l’époque de sa formation, c’était un joueur moyen. Même après, quand il a rejoint Troyes et nous a affrontés en U17, il n’était pas au-dessus du lot. Lui, on peut dire qu’on ne l’attendait pas. Mais il a su travailler, écouter… C’est un exemple formidable pour nous.

Le joueur le plus studieux ? Il n’a pas fait une brillante carrière mais c’était Yoann Folly. Un milieu de terrain passé par le centre de formation de Saint-Etienne, international Espoirs français et qui a joué plusieurs années en Angleterre aux débuts des années 2000. C’était un garçon bien éduqué et qui était très fort durant ses années de formation.

A contrario, le plus indiscipliné à l’école ? (Rires) Les plus indisciplinés n’étaient pas forcément ceux qui ont le mieux réussi. Hatem Ben Arfa ? Oui, on peut dire qu’il était un peu spécial. On ne va pas dire qu’il était « rebelle » mais il était très sûr de lui. Il narguait les profs car il savait qu’il était très bon, qu’il allait faire carrière et gagner beaucoup d’argent. Il le faisait savoir. Mais ce n’était pas le pire cas…

Le joueur que vous n’attendiez pas du tout en pro ? Il y a Blaise Matuidi évidemment mais je pense aussi à Nicolas Isimat-Mirin, qui joue au PSV Eindhoven et qui, pour moi, est une excellente surprise. C’était un bon joueur mais il était timide, léger et un peu tête en l’air. D’après ce que je peux voir, il arrive à être régulier au PSV. C’est pas mal quand même !

Le joueur qui vous laisse le plus gros regret ? Sincèrement, avec ceux qu’on a recalé, on peut faire une équipe de France. En même temps, dans la préformation, c’est difficile de tout savoir sur des mômes de 13 ans. Surtout qu’on était quatre à choisir parmi une centaine de jeunes sur une seule matinée de détection et qu’on était rarement tous d’accord. Je pense à Anthony Martial notamment. Il était venu passer le concours mais quand on a vu son bulletin scolaire, on a pris peur. Mais on savait déjà qu’il avait un ANS avec Lyon. On s’est dit que si on ne le prenait pas, il serait de toute façon entre de bonnes mains. Il y a aussi eu Kévin Gameiro qu’on a mal jugé…

Le joueur le plus courtisé que vous avez côtoyé ? Hatem Ben Arfa. Pour lui, il y avait des recruteurs de partout qui se renseignaient. Sur les nouvelles promotions, les mômes sont de toute façon moins sollicités puisqu’ils sont déjà, pour les trois-quarts, réservés par un club avant même d’arriver à Clairefontaine. Les clubs les repèrent à onze ans…

Le joueur le plus charismatique chez les jeunes ? Il y en a eu quelques-uns. Je pense notamment à Jacques Faty qui faisait l’unanimité dans sa promotion. C’était un peu le « grand frère » et qui en imposait aux autres.

Une chose à ajouter ? On a parfois l’impression que l’INF ne sort plus de joueurs, ne fait plus grand-chose mais ce n’est pas le cas. Bien sûr, aujourd’hui, les clubs pros font plus d’efforts qu’avant mais on a quand même des joueurs un peu partout. Je pense à Abou Diaby qui n’a pas eu la carrière qu’il mérite, Sébastien Corchia au LOSC, Alphonse Aréola en Espagne qui vient d’intégrer l’équipe de France, Mehdi Benatia qui fait une carrière formidable et qui évolue au Bayern Munich,  Yacine Brahimi qui explose avec Porto … Et il y en a pas mal qui sont moins visibles mais qui parviennent à vivre de leur passion. Je pense à Jérémy Taravel qui joue à Zagreb, à Kévin Bru à Ipswich, à Sébastien Bassong à Norwich, à Jirès Kembo-Ekoko qui gagne beaucoup d’argent aux Emirats.

Recueilli par Alexandre CORBOZ

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Formateur de 1981 à 2010, André Merelle (70 ans) a dirigé l’INF Clairefontaine durant douze ans.

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