Président à succès de l’OM entre 1986 et 1994, Bernard Tapie s’est livré sur la situation globale du club phocéen dans les colonnes du quotidien Aujourd’hui en France. Morceaux choisis.
Que faut-il comprendre à la communication de Margarita Louis-Dreyfus ?
Déloger Michel, on ne pouvait plus faire autrement. N’importe quel actionnaire aurait fait pareil. Après, c’est de la communication, ça ! A ce moment-là, l’idée c’était : ce n’est pas la peine de bouger tout. Tout le monde disait à Margarita Louis-Dreyfus : la L 2, c’est tranquille, on n’ira pas, ne rajoutons pas du bordel au bordel. Elle a donc, je pense, eu la décision qui s’imposait après le match incroyable contre Monaco. MLD a fait ses preuves. Elle a surpris tout le monde. En tant que chef d’entreprise, elle est canon.
Le départ de Michel était-il vraiment inéluctable avant Sochaux ?
Encore une fois : je pense que le départ organisé de Michel ne peut être qu’une très bonne chose. Si les joueurs jouent à leur niveau, ils battront Sochaux. Sinon, vous pouvez compter sur Boli, que je connais plutôt pas mal, et Passi, qui a été un de mes joueurs et qui ne lâchait rien et était un vrai dur à cuire. Avec ces deux-là, les joueurs ont intérêt à y aller. Donc, sportivement, le problème est à peu près réglé. Et, au bout peut-être, il y aura une fête magistrale pour se faire pardonner une saison pourrie.
Quel avenir pour le président Vincent Labrune ?
L’actionnaire a toutes les raisons de ne pas être contente. Quand tu es le taulier et que tu vois ton club avec le 3
e budget de France à la 15
e place, tu n’es pas content. Surtout si tu n’as pas choisi l’entraîneur. Il y a un constat d’échec. Labrune, lui, dit : oui, mais moi, je fais sans argent, je vends les joueurs et, au fur et à mesure, j’affaiblis mon groupe, donc qu’on ne s’étonne pas si je n’ai pas de résultat. Les deux ont de bonnes raisons de ne plus rester ensemble.
La situation actuelle peut-elle gêner la vente du club phocéen ?
Cela conditionne beaucoup l’arrivée d’un actionnaire futur. Vous vous rendez compte, il se dit quoi le mec quand il lit que les joueurs se font braquer, que le président a une escouade de gendarmes pour l’escorter, que les panneaux dans le stade sont orduriers à l’égard de Margarita ? Après, il faut être lucide : l’OM n’est pas en train de jouer la vie ou la mort. Il est entre les mains d’une actionnaire qui, si elle ne trouve pas un repreneur — ce qui m’étonnerait —, a les moyens d’éviter que le club sombre.
Julien Perez
Pour résumer
Président à succès de l’OM entre 1986 et 1994, Bernard Tapie s’est livré sur la situation du club dans le quotidien Aujourd’hui en France. Morceaux choisis.