Oswaldo Piazza
Oswaldo PiazzaCredit Photo - Icon Sport
par Laurent HESS
LEGENDE

ASSE - Exclu But ! : Oswaldo Piazza : « Cette descente, on dirait qu'on a fait exprès »

Parrain de la nouvelle Brasserie de Geoffroy-Guichard, Oswaldo Piazza (75 ans) était présent à son inauguration officielle jeudi dernier. L'occasion pour l'Argentin d'évoquer son amour pour l'ASSE et Saint-Etienne, dans un français toujours aussi remarquable. Extrait de son interview accordée à But ! Saint-Etienne...

Zapping But! Football Club ASSE : vous attendez quoi messieurs les dirigeants ?

But ! Saint-Etienne : Oswaldo, vous prenez toujours autant de plaisir à revenir à Saint-Etienne ?

Oswaldo PIAZZA : Toujours. J'ai deux maisons : Buenos Aires et Saint-Etienne. J'ai tellement d'amis ici et tellement de souvenirs. La dernière fois que j'étais venu, c'était en avril. Là, je reste un mois au total. Je reviendrai au printemps. J'essaie de venir deux fois par an. Cela n'avait pas été possible avec le Covid et ça m'avait beaucoup manqué. J'aime Saint-Etienne, cette ville, ces gens. Avec le temps, certains nous ont quitté. D'autres sont malades. C'est triste, mais c'est la vie. C'est toujours un plaisir de se revoir, bien-sûr.

 

Vous êtes le parrain de la nouvelle Brasserie du stade...

C'est super. Cette brasserie, c'est le lieu qui manquait au Chaudron. Les trois propriétaires sont des amis, des enfants de Saint-Etienne. Ce sont des fous de l'ASSE ! Et vous avez vu cette décoration ? C'est magnifique. C'est chargé d'histoire avec tous ces maillots, les fresques de Robert Herbin et Roger Rocher. Pierre Garonnaire est présent aussi et c'est bien car il était important, il faisait venir les joueurs. C'est ce trio qui a fait ce qu'elle l'ASSE aujourd'hui, ou plutôt ce qu'elle était à la grande époque, car on est loin de tout ça maintenant, malheureusement.
 

Quelle image gardez-vous d'Herbin et Rocher ?

Herbin avait inventé l'équipe. Il avait fait de la place aux jeunes qui avaient gagné la Coupe Gambardella : Sarramagna, Santini, Merchadier, Synaeghel et Patrick Revelli. Il y avait eu beaucoup de très bons joueurs avant, Keita, Mekhloufi, Abbes, Domingo, les frères Tylinski, Georges Bereta, etc... Et il y en a eu après avec Platini, Rep, Moravcik. Mais Herbin a eu une exigence, un savoir-faire. C'était un précurseur. On s'entraînait plus que les autres. On avait un mental extraordinaire. Rocher, lui, nous a mis dans les meilleures conditions : voyages en avion, salle de musculation, la piscine, les kinés, les placards à nos noms. On était dans le confort. Tout était mis en œuvre pour qu'on puisse bien travailler. Et on travaillait beaucoup. Herbin nous fracassait à l'entraînement mais en match, on était récompensés. On allait plus loin que les autres.
 

Johnny Rep nous disait récemment qu'il aurait adoré faire partie de cette équipe...

J'aurais aimé jouer avec lui. C'était un super attaquant. Vous avez vu son palmarès ? Il a joué deux finales de Coupe du monde, il a gagné deux fois la Ligue des champions avec l'Ajax. Le meilleur buteur de l'histoire des Pays-Bas en phases finale de Coupe du monde, c'est toujours lui. Johnny m'avait remplacé à l'ASSE, on n'avait droit qu'à deux étrangers à l'époque. J'avais demandé à partir après l'accident de ma femme. On avait cassé le contrat. Je n'avais plus trop la tête à jouer. En plus, il y avait déjà eu des départs : Revelli, Synaeghel, Larqué, Bathenay. C'était la fin de notre équipe.

 

Une équipe sans véritable stars...

C'est vrai. Il n'y avait pas de vedettes. Herbin voulait qu'on soit solidaires. Il n'avait pas besoin de nous demander de mouiller le maillot. Il connaissait Saint-Etienne par cœur et il nous avait inculqué ses valeurs. On se battait pour ce maillot. On ne faisait qu'un. C'était un vrai groupe, un gros collectif. D'ailleurs, après, peu d'entre nous ont réussi ailleurs. Il n'y a que Rocheteau et Bathenay, au PSG et en équipe de France. C'étaient les deux plus jeunes.

 

Le PSG a également dix titres maintenant...

Oui. On ne pensait pas être rejoint un jour.

 

Que vous inspire la situation actuelle de l'ASSE ?

Oh... Voir le club est deuxième division, ce n'est pas possible. Je suis triste, triste, triste. Cette descente, on dirait qu'on a fait exprès. Il y a eu tellement d'erreurs... Ce n'est pas possible d'en être arrivé là. Quand je vois les clubs qui sont en L1, certains clubs. Et l'AS Saint-Etienne en L2 ! Non, ce n'est pas possible. On aurait voulu le faire exprès, on aurait fait ça. C'est un drame.

 

« Il y a trois ans, l'ASSE aurait déjà pu se retrouver en D2 sans le Covid. Et que s'est-il passé après ? Le club a vendu Fofana, Saliba. Il a vendu pour 100 M€ de joueurs. Et il a pris qui avec cet argent ? Il a fait quoi ? »

 

Vous étiez au match contre Auxerre ?

Non. J'étais rentré en Argentine. Ce match, je ne l'ai même pas regardé. J'étais au match contre Monaco, avec Patrick Revelli et Maurice Vincent, l'ancien Maire de Saint-Etienne. Quand des fumigènes sont descendus des tribunes et qu'il y a eu la première interruption, je suis parti. J'ai quitté le stade. Je ne voulais pas voir ça. Cette violence, je n'aime pas ça. On ne va pas au stade pour ça. Je sais ce qu'il s'est passé contre Auxerre. Cette fureur... C'est triste.

 

Les supporters aimeraient un changement à la tête du club...

C'est tout à fait normal ! On change les entraîneurs, on change les joueurs... Il y a trois ans, l'ASSE aurait déjà pu se retrouver en D2 sans le Covid. Et que s'est-il passé après ? Le club a vendu Fofana, Saliba. Il a vendu pour 100 M€ de joueurs. Et il a pris qui avec cet argent ? Il a fait quoi ? Avant Monaco, j'avais assisté à un autre match, je ne sais plus contre qui. On avait perdu aussi. J'avais été choqué par le niveau de l'équipe. Les joueurs n'arrivaient pas à se faire trois passes ! On aurait dit qu'ils avaient peur d'être là, sur le terrain. Nous, on profitait du Chaudron. « Ici c'est le Chaudron », vous voyez ? C'est écrit quand tu entres sur la pelouse. On se servait de ça. On étouffait l'adversaire dès le coup d'envoi et quand on marquait un but, on faisait bloc, on fermait tout et on jouait les contres à fond. Le public nous poussait. On jouait à 12. Mais là, les joueurs avaient peur ! Ce n'est pas possible d'amener le public avec toi si tu as peur, si tu ne joues pas !

 

La suite de l'entretien est à retrouver dans BUT! ASSE

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Pour résumer

Parrain de la nouvelle Brasserie de Geoffroy-Guichard, Oswaldo Piazza (75 ans) était présent à son inauguration officielle jeudi dernier. L'occasion pour l'Argentin d'évoquer son amour pour l'ASSE et Saint-Etienne, dans un français toujours aussi remarquable. Extrait de son interview accordée à But ! Saint-Etienne...

Laurent HESS
Rédacteur
Laurent HESS

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