Droits TV en suspens, Canal+ hors-jeu, clubs en panique : la L1 risque un vrai séisme cet été !

Six semaines avant le coup d’envoi du Championnat, les dirigeants de clubs de Ligue 1 sont plongés dans une incertitude grandissante, entre frustration et inquiétude. Ils ignorent encore quelles seront leurs recettes télévisuelles et comment, ni même où, ils pourront suivre les matches de la saison à venir.
La situation délicate des droits TV s’inscrit dans la continuité du chaos provoqué par le fiasco DAZN l’été dernier. À l’époque, la société britannique avait été désignée par défaut comme diffuseur principal de la Ligue 1 avec un contrat de cinq ans et 400 millions d’euros annuels, pour diffuser 8 rencontres sur 9 chaque week-end (le dernier match étant assuré par beIN Sports). Mais le projet s’est rapidement effondré, plongeant le football professionnel français dans une crise sans précédent. Pour sauver la mise, la Ligue a décidé de lancer sa propre chaîne diffusant 8 matches sur 9 dès cette saison, avant d’espérer récupérer l’intégralité des rencontres l’année suivante.
De Tavernost attise les critiques
Deux entreprises ont été sélectionnées après un appel d’offres pour la production de cette future chaîne, mais la décision finale n’a pas encore été prise. C’est dans ce contexte que doit se tenir un collège de Ligue 1, prévu demain, afin d’éclairer les clubs sur les candidats et le projet. Pour beaucoup, ce rendez-vous est attendu comme un passage obligé face au brouillard ambiant. L’opacité qui règne alimente le scepticisme : certains ne savent pas comment le modèle économique pourra fonctionner, d’autres doutent de la viabilité financière des recettes télé, alors que les clubs de Ligue 2 ont déjà budgété autour de 700 000 euros provenant des droits TV pour la saison 2025-2026.
Sur un autre front, la tension monte autour de Nicolas de Tavernost, patron de LFP Média, chargé de dénouer cette situation complexe. Selon L’Équipe, il est critiqué pour son manque de conciliation avec Canal+, dont beaucoup considèrent qu’elle reste indispensable au football français. De plus, sa communication est jugée ambiguë. Lors de la dernière assemblée de la Ligue, ses propos sur la sortie de DAZN ont semé le doute, laissant entendre que le dossier n’était pas complètement clos, contrairement aux annonces répétées depuis plusieurs semaines.
L’annonce d’un possible versement de 85 millions d’euros par DAZN à titre de dédommagement est aussi remise en question par plusieurs clubs, qui doutent que la plateforme honore cette somme si elle est finalement exclue du marché. Parallèlement, des dirigeants sont soupçonnés de passer des coups de fil à Canal+ dans le dos de Tavernost, ce qui ajoute encore à la défiance ambiante.
Keller porte la voix des tensions
Cette crise de la diffusion intervient alors que d’autres zones d’ombre persistent. Lors du dernier collège de Ligue 1, la question du versement des 20 millions d’euros de sponsoring qatari prévus dans l’accord avec beIN n’a toujours pas trouvé de réponse, suscitant incompréhension et méfiance.
Enfin, les relations entre clubs, Ligue et FFF se tendent autour du projet de réforme de la gouvernance. Le président du RC Strasbourg, Marc Keller, membre du comité exécutif de la FFF, a fait part de ces tensions lors d’une récente réunion. Le football professionnel reproche à Philippe Diallo, président de la Fédération, de vouloir récupérer le contrôle total du football français en s’appuyant sur une proposition de loi sénatoriale, au détriment de la Ligue et des clubs.
Cette situation fragile appelle à des réponses rapides et claires, attendues au cours de cette semaine décisive. Le football français, entre crises financières, instabilité institutionnelle et brouillard médiatique, semble à un tournant crucial de son histoire. Une fois de plus…