par Alexandre Corboz

Le blog SDF : « J’avais conseillé Zdravko Kuzmanovic et Ivan Rakitic aux Verts »

Ancien recruteur chez les jeunes de l’AS Saint-Etienne, Sébastien Fontbonne (42 ans) a su mener sa barque, passant ensuite par l’AS Monaco, le FC Sion ou encore Lausanne.

Entretien avec l’ex-« petit Garonnaire » des Verts.

Sébastien, vous avez fait vos premières armes à Saint-Etienne en découvrant de nombreux joueurs comme Bafé Gomis, Josuha Guilavogui, Alexandre Barthe, Eric Bauthéac, Nabil El Zhar ou encore Yohan Benalouane. On vous appelait même le « petit Garonnaire »

Sébastien Fontbonne : Je n’aime pas quand on se focalise sur un seul homme. A Saint-Etienne, on était deux à travailler ensemble avec Rafik Allaf, que j’avais fait venir et qui est toujours en poste dans le recrutement des jeunes dans le Sud de la France. A mes yeux, c’est d’ailleurs l’un des meilleurs recruteurs de France. C’est avec lui qu’on a recruté tous les « Toulonnais ». Mais c’est vrai qu’avec l’équipe de recrutement que nous avions à l’époque, on a déniché beaucoup de talents. D’ailleurs, le dernier qu’on avait fait signer en 2008, c’était un certain Kurt Zouma qui a rapporté 15 M€ au club. Sur ce dossier, c’était un travail collégial. Le joueur avait été vu pour la première fois par Joël Guytay, qui l’avait remarqué au Pôle Espoirs de Dijon. Après, c’est moi qui m’étais occupé du travail avec le père (Guy Zouma, NDLR) pour qu’il signe chez nous alors qu’il était courtisé par de nombreux clubs.

L’un des premiers, sinon le premier coup, ça a été Bafétimbi Gomis. Comment vous y étiez-vous pris à l’époque ?

A la base, ils étaient deux : il y avait Bafé et Karim Rezgui, qui était allé jusqu’en contrat stagiaire avec les Verts. On suivait pas mal de matches des équipes de jeunes du Sud de la France. C’est sur un rassemblement du district du Var et de la Ligue Méditerranée qu’on a remarqué Bafé. Par la suite, je ne l’ai plus lâché. Cela a été compliqué. Il y avait Auxerre, le Stade Rennais, l’AS Monaco… En général, tous les bons jeunes qui ont percé à l’ASSE, on a dû jouer des coudes avec d’autres équipes. Dans ces cas-là, il faut être convaincant et savoir bien vendre son club au joueur, à ses parents, à son frère Jeannot... A Saint-Etienne, on tenait un discours clair, avec une forte importance accordée à la scolarité, et puis on avait la chance d’avoir un directeur du centre qui connaissait le football. Je pense que ça a aidé car, avec lui, on pouvait être très réactif. Dans ce métier de recruteur, c’est la base de tout ! Plus tard, je me suis aperçu que, quand on a commencé à manquer de réactivité, on a laissé passer de belles occasions …

« Nous étions les bons commerciaux de l’ASSE »

Comme qui ?

Comme Rod Fanni, Patrice Evra, Franck Ribéry, Mathieu Valbuena, Julien Faubert, Didier Drogba, Stephan Lichsteiner ou encore Nampalys Mendy, qui est le petit cousin de Bafé… Par respect, je ne donnerais pas les noms des directeurs de centre à l’époque. Je passe d’ailleurs sur certains commentaires qu’on m’a faits quand j’ai proposé ces joueurs-là. Ce n’est malheureusement qu’après qu’on s’aperçoit qu’ils se sont complètement plantés. Recruteur, c’est un métier. Tu as l’œil ou tu ne l’as pas. Tu ne passes pas de diplômes pour ça ! Si certains clubs préféraient la quantité pour sortir des talents, avec mon collaborateur Rafik Allaf, on a toujours privilégié la qualité. On pouvait ne proposer que cinq noms sur une année mais on avait la certitude que tous finiraient dans un club professionnel si ce n’était pas nous qui les prenions…

On dit que vous avez proposé à l’ASSE avant tout le monde un certain Ivan Rakitic, aujourd’hui au FC Barcelone. C’est vrai ?

Oui mais c’était plus tard. Après avoir découvert des jeunes pendant plusieurs années, on m’a mis au service du groupe professionnel. Dans ce rôle, j’ai eu d’excellentes relations avec Frédéric Antonetti ou encore Laurent Roussey. On m’a détaché sur les championnats européens, les Coupes d’Afrique… C’est à cette époque qu’on avait fait venir à l’essai Renaud Cohade qui n’avait pas été conservé. Pour mon travail, j’allais régulièrement en Suisse sur la saison 2006-2007 et j’avais flashé sur deux jeunes joueurs de moins de 20 ans du FC Bâle. Il y avait Zdravko Kuzmanovic (ex-Fiorentina, Stuttgart, Inter Milan, aujourd’hui de retour au FC Bâle) et Ivan Rakitic (aujourd’hui au FC Barcelone).

Qu’est-ce qui a bloqué à l’époque ?

A Saint-Etienne, il y a souvent eu du mouvement. Que ce soit au sein du centre de formation ou des différents directeurs sportif. Moi, je n’étais que recruteur. Je signalais des joueurs et la hiérarchie disposait de mes informations pour recruter ou non un joueur. Je n’avais pas le pouvoir pour dire au club : « J’ai vu un super joueur. Il faut que vous le preniez ! » Je pense que Rakitic n’était pas forcément un élément qui correspondait à la politique sportive du club à ce moment-là…

Chez les jeunes, vous avez le souvenir de dossiers que vous avez réussi à arracher à d’autres clubs qui proposaient de l’argent aux familles ?

Quasiment tous les joueurs qu’on a amenés avec Rafik (Allaf) et Joël (Guitay), on l’a fait au nez et à la barbe d’équipes comme Monaco, Auxerre ou Rennes qui avaient envoyé des propositions financières aux familles. Sur ce plan, on ne pouvait pas lutter. Notre force, ce qui a permis de faire la différence dans certains cas, c’était le club. L’attrait de l’ASSE. On savait aussi y faire pour « charmer » la famille.  On peut le dire, nous étions les « bons commerciaux » du club (sourire)…

Propos recueillis par Alexandre CORBOZ

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Pour résumer

Ancien recruteur chez les jeunes de l’ASSE, Sébastien Fontbonne a su mener sa barque, passant ensuite par l’AS Monaco, le FC Sion ou encore Lausanne.

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