ASSE : Dall’Oglio règle ses comptes avec Kilmer Sports

ASSE : Dall’Oglio règle ses comptes avec Kilmer Sports
Laurent Hess
3 octobre 2025

Dans un entretien accordé à Top Mercato, Olivier Dall’Oglio revient longuement sur son aventure stéphanoise en égratignant KSV. Extraits.

Très peu disert depuis son éviction il y a près d’un an, Olivier Dall’Oglio est revenu sur son passage à l’ASSE dans les colonnes de Topmercato. L’Alésien a notamment taclé la gestion de Kilmer Sports et son recrutement inapproprié de l’été 2024. « Après Saint-Etienne, vu comme cela s’était passé avec les nouveaux dirigeants, j’ai regardé de suite les matches des Verts après mon départ. Je voulais voir l’évolution. Parce que je leur avais dit un certain nombre de choses, y compris dès la montée. On avait longuement parlé sur le recrutement et je voyais bien tout au long de l’été, qu’il allait nous manquer des choses. J’ai insisté et évoqué les problèmes qu’on rencontrerait. Donc quand on m’écarte en décembre, j’accepte parce que je n’ai pas le choix, et je regarde comment ça se passe. Et puis je constate. C’est malheureux parce que l’ASSE ne doit jamais descendre. Il y a eu des erreurs, notamment dans le recrutement. Il y avait des limites, c’est évident. »

Il voulait garder Cardona, KSV ne l’a pas écouté

Et ces limites, KSV ne les a pas assez prises en compte dans ses choix dee recrues… « Ce qui peut être surprenant quand on est un dirigeant d’un certain niveau, c’est de penser que tout va se passer très vite, qu’un garçon qui arrive de Nouvelle-Zélande (Ben Old, ndlr) ou d’Autriche (Augustine Boakye, ndlr), en étant très jeune, va être immédiatement performant. On sait qu’on va être en difficulté d’entrée car beaucoup d’éléments doivent se mettre en place. Et pendant ce temps-là, on ne gagne pas. On sait qu’on devrait être meilleur plus tard, mais en attendant on n’avance pas.

Il n’y avait pas de souci avec le projet Kilmer, les jeunes, la data, mais il faut prendre en compte l’aspect humain dans l’arrivée des recrues. C’est ce que j’avais demandé : un ou deux joueurs d’expérience et on ira certainement plus vite pour les intégrer et on prendra des points. C’est là que ça a coincé. Et c’est vraiment dommage. Car il y a la descente, et l’ASSE ne devrait pas être en L2. Ce club ne doit pas être en danger pour descendre. Là, il fallait être patient avec une urgence de résultat, c’était incompatible. »

Il tacle la data, et Gazidis

Selon ODO, les limites de la data se sont vérifiées chez les Verts… « La data est un bon outil mais il ne peut pas se substituer à tout le reste. On a trouvé Ben Old en Nouvelle-Zélande. J’ai eu l’occasion de beaucoup voyager, je suis allé en Nouvelle Zélande et je connais la difficulté des 25 heures d’avion et du décalage horaire pour un athlète de haut niveau. Lui était international, donc cela voulait dire que sur septembre, octobre et novembre, il avait des allers-retours à faire en Nouvelle-Zélande. Et encore, quand sa sélection joue dans son pays, ça va, mais on peut rajouter des matches à Vanuatu ou dans d’autres îles à plusieurs heures d’avion. Il fait son match, il revient et il faudrait qu’il soit très efficace avec l’ASSE ? Non, il va se blesser ! Ça n’a pas loupé. Il a été absent six mois. C’est un être humain, pas un robot. Et Ben Old est ultra sérieux, hyper carré, c’est un bon joueur. Mais il faut prendre ces éléments là en compte pour comprendre le terrain. C’est un des manques de la saison. On monte avec un groupe qui n’a pas survolé la L2, on passe de justesse les barrages. »

Selon Dall’Oglio, le management de Kilmer Sports n’était pas idoine… « On n’a pas vu souvent Ivan Gazidis à Saint-Etienne. Les dirigeants n’étaient pas là constamment. Les échanges se faisaient avec les personnes autour de lui. On n’avait peut-être pas la même vision sur l’importance de certains détails qu’on vient d’évoquer dans la construction d’un effectif. Je n’ai pas ressenti une attention particulière par rapport à ça. Je voulais récupérer Cardona par exemple que je connaissais bien, que j’avais eu en L2, dont je savais quantifier l’apport. Mais ce n’était pas dans leur plan. Et ça a fini par le devenir, puisqu’ils l’ont recruté au mercato hivernal après mon départ de l’ASSE. Je ne devais pas être trop loin de la vérité quand même. Mais cela s’est fait car le club était dans une grande difficulté, alors qu’on pouvait l’anticiper. Il nous fallait aussi un milieu de terrain en plus. Il le fallait encore après mon départ. Sauf que lors du premier match d’Horneland, l’ASSE gagne 3-1 contre Reims. La victoire peut amener différents niveaux d’analyse. Le résultat et la prestation. J’ai vu le match. Reims était en très très grande difficulté. Je pense que la conclusion a été : “on n’a pas besoin de recruter un milieu supplémentaire”. Sauf que derrière, on a bien vu qu’il y avait un creux dans ce secteur de jeu. »

Enfin, l’Alésien regrette que le projet KSV démarre vraiment un an après l’arrivée du groupe nord-américain… L’ASSE a plus dépensé cet été pour la saison en Ligue 2 que pour entamer la saison de Ligue 1 sous mes ordres en août 2024. Ils ne pouvaient pas se louper une deuxième fois. Après, j’ai entendu des choses un peu bizarres comme “maintenant c’est le vrai projet Kilmer qui se met en place”. Ah bon, j’avais compris que c’était avant, moi. On comprend aussi que quand il y a de nouveaux investisseurs, ils veulent tout maîtriser. Petit à petit, ils écartent du monde. Cela peut aussi se comprendre. Ce qui est regrettable, c’est qu’il y a une descente au bout et que là il faut remonter. Ce qui est intéressant maintenant, c’est de réussir à construire pour la L1 dès maintenant tout en étant en L2 et en accrochant l’objectif de la montée. Il faut déjà trouver l’ossature pour ça.

L’intelligence d’Auxerre a été de garder cet effectif solide et les garçons les plus forts étaient aussi les leaders : Jubal, Perrin, etc. Il y a des choses qui dépassent parfois les entraîneurs. »

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