Stade Rennais : Rongier et Merlin encore traînés dans la boue à cause du FC Nantes

Rongier et Merlin à Rennes
Bastien Aubert
20 novembre 2025

Pour les supporters nantais, voir deux joueurs formés à la Jonelière enfiler le maillot rennais reste un choc difficile à digérer. Alors que la tension ne retombe toujours pas entre les deux rivaux, Jordan Veretout, lui-même pur produit du FC Nantes, a pris la parole et livre un avis sans détour. Dans ce contexte bouillant, sa lucidité sur le football moderne frappe par sa justesse… et sa sincérité.

Le contexte : deux transferts qui secouent Nantes

Le dernier mercato n’a pas épargné les cœurs jaunes et verts : Valentin Rongier et Quentin Merlin, enfants du club, ont rejoint le Stade Rennais. Un passage chez le voisin honni qui, au-delà de l’aspect sportif, touche à l’identité même du FC Nantes. Les réseaux sociaux se sont enflammés, les tribunes grondent encore à l’évocation de ces départs, tant les symboles sont forts.

Merlin, latéral gauche de 21 ans, et Rongier, milieu central désormais expérimenté, affichent tous deux une présence affirmée avec leur nouveau club. Malgré des performances solides en Ligue 1 – deux passes décisives chacun sur la saison – leur transfert a laissé un goût amer chez de nombreux fidèles à La Beaujoire.

Jordan Veretout : « Je peux comprendre les supporters »

Jordan Veretout n’a jamais caché son attachement au club qui l’a façonné. Interrogé sur cette double signature qui a fait couler tant d’encre à l’Est, le milieu d’Al-Arabi SC reste sur un fil, entre empathie et réalisme :

Quand on sait le poids du derby de l’Ouest et combien le FC Nantes est un club formateur, le malaise des fans devient palpable. Pour mieux cerner la vision de Veretout sur les bouleversements du marché, il suffit de lire :

« Je peux comprendre les supporters. Quand on a été dans un club formateur comme Nantes, c’est le derby. Maintenant, il faut savoir que le foot aujourd’hui, il est différent d’avant aussi. Pour trouver un club, c’est très compliqué. Il n’y a pas cinquante opportunités non plus. S’ils ont fait ce choix-là, c’est que c’était le meilleur choix qu’ils avaient à ce moment-là. Le foot a changé aujourd’hui, mais je peux comprendre les supporters. Je pense que les clubs, le mercato… Tout est un peu différent. »

Un regard lucide sur l’évolution du football moderne

Le football n’est plus celui des années 2000. Pour un jeune professionnel, même formé localement, le marché s’avère bien moins prévisible. Veretout souligne la rareté des « bons créneaux » : la stabilité, parfois, doit laisser place à l’opportunité, même si elle porte les couleurs du rival.

Cette réalité se vérifie aussi chez Merlin, dont l’ascension fulgurante et la valorisation à 15 millions d’euros en 2025 n’ont pas empêché une décision contestée. Le constat est partagé pour Rongier : une trajectoire à la hausse puis une stabilisation logique, quitte à traverser le périphérique, ce qui reste toujours difficile à accepter pour la base nantaise.

Ce professionnalisme forcené, nourri par les chiffres et la compétition entre clubs, explique en partie le ressenti des supporters. Mais il ne l’atténue jamais. Ceux qui veulent creuser la question des transferts, leurs coulisses et l’attachement des joueurs à leur club formateur, trouveront d’autres perspectives autour de la possible relance de Veretout dans l’Hexagone.

Un parcours entre passion nantaise et réalité du métier

Derrière ses mots mesurés, on devine ce que représente Nantes pour Veretout. Lui aussi a affronté le casse-tête de la fidélité et de la nécessité de bâtir une carrière, passant par la Loire puis s’illustrant dans des clubs qui n’étaient pas toujours les favoris du public nantais – de Saint-Étienne à Marseille, en passant par Lyon.

Son passage dans ces différentes équipes, parfois concurrentes sur le terrain et dans l’histoire, montre bien que le parcours d’un joueur n’a rien d’une ligne droite. D’ailleurs, Veretout en avait déjà parlé après son expérience lyonnaise, évoquant certaines frustrations et l’évolution de ses choix professionnels – un éclairage intéressant à retrouver via son bilan de saison à l’OL.

Aujourd’hui, du Qatar, il reste marqué par cette formation nantaise qui a forgé son identité. S’il salue la passion des supporters, il rappelle que sous le maillot – qu’il soit jaune ou rouge – se cachent avant tout des trajectoires humaines, faites de compromis, de passion et d’ambitions. Une vérité, parfois douloureuse, mais incontestable dans le monde moderne du football.

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